Zydeco Flames : West Coast’s Premier Zydeco Band !

Le zydeco californien est beaucoup moins connu que celui de Louisiane et du Texas. Normal. Pendant longtemps il n’a pas bénéficié de structures solides, de clubs attitrés. On y jouait – et on continue à y jouer encore – dans les cantinas hispaniques, dans les salles de bals juives, dans les clubs de blues, dans les gymnases universitaires, mais aussi dans les church halls des églises catholiques*.

 

On aurait pourtant tort de sous estimer cette scène qui, bien que souterraine, a produit de grands artistes. Citons pour mémoire les regrettés Joe Siemen et Danny Poullard, mais aussi T Lou à Los Angeles, Theo & the Zydeco Patrol à San Diego, et autour de San Francisco le légendaire Mark « Bon Ton » Saint Mary, le jeune prodige Andre Thierry, et bien sûr toute la famille Lewis/Guillory avec en tête Queen Ida, mais aussi Al Rapone et son neveu Miryck.

C’est dans cette ville au milieu des années  90 qu’un début d’organisation de la scène cajun/zydeco est né grâce aux efforts conjoints de Louisiana Sue via son site internet www.sfbayou.com, et de Dana DeSimone, un excellent danseur, animateur du Eagles Hall à Alameda, devenu le club zydeco de référence.

Et c’est dans ce contexte que sont apparus les Zydeco Flames il y a une quinzaine d’années. Au départ il s’agissait d’un duo composé de Bruce Gordon, un excellent accordéoniste évidemment  très marqué par Clifton Chenier, dont la réputation a largement dépassé son seul Etat d’origine (il donna des cours d’accordéon piano à un jeune Geno Delafose**) et de Lloyd Meadows, chanteur, frotteur, harmoniciste occasionnel et surtout excellent showman. Puis vinrent Frank Boham, guitariste et aujourd’hui manager du groupe, Timm Walker, bassiste qui joua avec Joe Louis Walker et Sonny Rhodes, et Williams Allums Jr, batteur et seul louisianais d’origine. Ensembles ils sont devenus une des formations les plus excitantes qui soit, développant au fils des concerts et de leurs cinq albums un répertoire à la fois d’une grande variété et d’une grande unité. Un répertoire qui peut se décrire ainsi : une bonne part de reprises de classiques, puisant chez Clifton Chenier (I’m comin’ home, Hot tamale baby, I’m a hpg for you… ), mais aussi chez Boozoo Chavis (Oh yeah, Uncle Bud… ) ou Rockin’ Sidney ( My toot toot ) ; des adaptations toutes personnelles de chansons avec une prédilection  pour la musique de la Nouvelle Orléans ( Iko iko de Sugarboy Crawford, Mardi gras in N.O. de Professor Longhair, Josephine de Fats Domino…), mais aussi pour le rhythm & blues (I’ll take you there des Staple Singers, Take me to the river d’Al Green, Bring it on home to me de Sam Cooke… ), plus une pointe de reggae (belle version de Stir it up de Bob Marley) ; des compositions marquantes et originales enfin comme I took a chance, Jolene, You can dance, Oaktown boogie ou Don’t worry justement récompensé en 1997 par l’award de la meilleure chanson décerné par la West Coast Cajun & Zydeco Association. Cet éclectisme, cette adaptabilité, ont permit au groupe d’être présent dans de nombreux festivals, de devenir une des attractions régulières du Boom Boom Boom Club de John Lee Hooker, de participer à la fête donnée en l’honneur des quarante ans du label Arhoolie, mais aussi de jouer pour le parti démocrate lors d’une campagne de récolte de fonds en présence du président Bill Clinton. Pour l’anecdote, cinq de leurs chansons ont même été retenues pour illustrer le jeu vidéo The Sims Unleashed !

En 2003 les Zydeco Flames ont édité une cassette vidéo qui confirme pleinement la qualité de leurs disques : bonne humeur, joie de jouer, chaleur et entente parfaite avec leur public devenu fidèle. Là encore la musique atteint des sommets avec une reprise ultra cool et dansante du Cornbread de Beau Jocque, une version surprenante de Sweet soul music de Don Covay – rebaptisée pour l’occasion Sweet zydeco music – et un feu d’artifice final avec Rattlesnake, une composition originale dans laquelle Lloyd Meadows reproduit au frottoir le bruit du serpent à sonnette. Irrésistible.

Mais 2003 est aussi l’année où Bruce Gordon décide de quitter le groupe pour d’autres aventures musicales, notamment le jazz où il retrouve son premier instrument, l’orgue hammond. On aurait pu penser que cette séparation allait être fatale. Au contraire. Le groupe continue à se produire régulièrement en compagnie de plusieurs accordéonistes locaux comme Willie Davis ou l’étonnant Andre Thierry. L’aventure continue donc pour le plus grand plaisir de tous leurs fans.

 

* voir le disque de Clifton Chenier, Live at St Mark’s, Arhoolie, 1989.

** Sur les notes de pochettes du premier disque de Geno sur Rounder, French Rockin’ Boogie, 1994.

 

Discographie :

 

Hot Offerings, 1993.

Burnin’ Up The Tracks, 1995.

The Heat Is On, 1996.

Live ! Smokin’ At The Plant, 1998.

Bank The Fire, 2003

Fire It Up 2006.

 

Vidéo :

Zydeco Flames, Live, 2003.